Littérature et dialogue philosophique

Le 15 octobre dernier, les futures personnes enseignantes du baccalauréat en enseignement du français au secondaire de l’Université Laval ont fait l’expérience d’une situation d’apprentissage philosophique (SAP) dans le cadre du cours de didactique de la littérature. La SAP avait pour visée l’approfondissement d’une œuvre littéraire, plus précisément le récit mémoriel  »Fragments de ma vie » de Henia Reinhartz, survivante de l’Holocauste. Pour ce faire, le concept de  »chez soi » était problématisé sous la question suivante : Est-il possible de se sentir  »chez soi » et  »pas chez soi » en même temps ? En s’aidant d’exemples tirés du récit, le groupe a identifié des critères du  »chez soi » et du  »pas chez soi » et a tenté de voir à quels moments Henia a pu se sentir chez elle et pas chez elle en même temps. Le groupe en est venu à la réflexion que le  »chez soi » et le  »pas chez soi » pourraient être pensés comme les pôles d’un continuum sur lequel toute personne se sent rarement complètement chez soi. Dans un temps de création, le groupe a poursuivi sa réflexion, alors que chaque personne devait représenter le concept de  »chez soi » sous la forme d’un portrait humain, d’un animal ou d’un monstre. Les dessins ont permis de dégager d’autres critères pouvant être ajoutés au continuum. Lors du retour métacognitif, il a été constaté qu’aucune des futures personnes enseignantes n’avait porté son attention sur le concept  »chez soi » dans son carnet de lecture enseignant. La SAP leur a donc permis d’approfondir l’œuvre sous un angle qui n’avait pas été envisagé et d’enrichir leur travail de préparation. Cette étape est d’ailleurs essentielle avant de traiter d’un thème sensible comme l’Holocauste à travers la littérature.

La situation d’apprentissage philosophique a été pensée par la professeure Audrey Bélanger et l’étudiante Nadia Bélanger, toutes deux membres du Collectif d.phi.